CONCLUSION
De manière générale, force est de constater que dans la plupart des sociétés, les femmes doivent réprimer, cacher toute manifestation de leurs liquides corporels au risque de perdre de leur « désidérabilité ».De nombreuses cultures considèrent les fluides corporels féminins comme sales, menaçants, maléfiques. Cet interdit pèse lourdement sur la possibilité qu’ont les femmes d’accéder à une dimension de pleine liberté dans leur expérience d’un plaisir sexuel totalement épanoui. Il est en effet difficile pour une femme de s’abandonner à son plaisir et d’atteindre l’éjaculation si, forcément soumise au conditionnement culturel général, elle doit se préoccuper de ne pas trop suer, de ne pas perdre de sang, de ne pas uriner ou de ne pas trop mouiller. Ces blocages sont une forte barrière psychologique à l’éjaculation féminine.
Mais dans le cadre d’une relation amoureuse profonde, avec la complicité d’un partenaire attentif et grâce à une prise de conscience intime de soi, d’un ensemble d’exercices divers de relaxation, de reconnaissance anatomique et d’apprentissage des sensations, il est possible, pratiquement pour chaque femme, de parvenir à l’éjaculation et de la maîtriser. Cet apprentissage peut être long et tâtonnant, le but n’étant pas de faire de l’éjaculation féminine un nouveau dictat ou une mesure despotique du plaisir féminin.
On a considéré plus haut l’équivalence de l’orgasme clitoridien des femmes avec l’orgasme classique masculin par stimulation du pénis provoquant l’éjaculation masculine.
Mais qu’en est-il de la comparaison entre orgasme dit vaginal, ou lié au point G (dont nous avons vu qu’il est en fait prostatique) chez les femmes avec l’équivalent chez les hommes ? Si on envisage les blocages et interdits qui empêchent pour beaucoup de femmes l’accès à une jouissance comblée par l’éjaculation de leur cyprine, qu’en est-il de l’accès des hommes à un plaisir prostatique comparable ?
Le simple fait d’évoquer la possibilité de stimuler la prostate d’un homme provoque généralement un rejet massif de sa part. L’anus reste en effet une zone totalement interdite chez la grande majorité des hommes hétérosexuels. La nécessité pour un homme d’accepter de se laisser pénétrer analement par un doigt ou par un objet, sans aller jusqu’à envisager la pénétration par un pénis…, pour accéder à une stimulation de la prostate est généralement un interdit insurmontable.
Pourtant les hommes recevant la sodomie ou acceptant la pénétration pour une stimulation de la prostate, témoignent tous du plaisir incomparable qu’ils en ressentent. Ils disent tous combien ces sensations ne ressemblent en rien au plaisir lié à leur pénis. Ils parlent de sensations plus profondes, plus sourdes, mais beaucoup plus intenses lorsqu’elles débouchent sur un orgasme prostatique.
Sans doute faudra-t-il aussi que les hommes acceptent cette nouvelle exploration d’eux-mêmes, ce dépassement de leurs inhibitions, blocages et a priori, s’ils veulent accéder au plaisir que les femmes elles mêmes doivent reconquérir en dépassant leurs propres blocages culturels et psychologiques. De la même manière il leur faudra aussi apprendre à accompagner et accueillir la jouissance totale des femmes accomplies qui auront renoué avec leur capacité à éjaculer.
Les voies de la conquête sensuelle et spirituelle de soi même ne sont finalement pas si impénétrables que ça …
Michel Reilhac
A Paris,
Décembre 2010